du reuz en pleine nuit

Publié le par envazao

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Des panneaux portant le nom d'une commune de la Sarthe dérobés par de noctambules "combattants de la langue bretonne" ? Ceci se serait passé dans la nuit du 29 au 30 décembre aux entrées de Solesmes, petite ville connue pour ses abbayes et administrée notamment par François Fillon. Nag a boan* !

Revoici le groupe Stourm Ar Brezhoneg qui nous avait laissé sans nouvelles de lui depuis longtemps. Visiblement la revendication de ces combattants de la langue bretonne dépasse la simple exigence de panneaux bilingues sur l'ensemble de la Bretagne historique. SAB réclame "une loi visant à préserver et promouvoir les langues régionales". Selon leur communiqué une telle loi aurait été "promise en 2007 par Nicolas Sarkozy".

SAB et coaltar
Qui parmi les plus de 40 ans ne se souvient pas de l'époque des barbouillages ? Cette manie allait bien au-delà du coaltar sur les panneaux de la Route de Quimper chantée par Gilles Servat. Au plus fort de l'âge du goudron il n'était quasiment pas un pont, pas un panneau directionnel, pas une guillotine de motards* qui restait vierge et immaculé sur la RN12 entre Brest et Rennes.  

D'une lutte à l'autre

Morlaix devenait Montroulez. Cesson-Sevigné se métamorphosait en un très chic Saozon-Sevigneg. Une vraie marée noire, bonne à donner de l'urticaire aux élus et du boulot aux employés de l'équipement. Plus rien de toutes ces oeuvres d'agit' prop ne subsiste aujourd'hui. La plupart des communes de basse-Bretagne affichent fièrement leur nom en breton si celui-ci diffère de la désignation administrative en français. Certaines se mettent aussi au gallo chez les hauts-bretons. Evidemment quelques-uns par ici s'en plaignent mais dans son ensemble la population ne voit pas d'un mauvais oeil un double affichage à-condition que le breton utilisé soit avéré et ancré localement. L'époque a changé, quelques barbouilleurs furent naguère condamnés à de légères peines avant de s'engager dans d'autres luttes linguistiques.  

Silence on scie ?

Ce coup-ci la totalité des panneaux d'entrée ont été démontés et embarqués vers la Bretagne, aucune information ne transparaît quant aux méthodes employées par les auteurs du larcin, il faut croire que les scies à métaux des combattants de l'ombre sont équipées de silencieux. Ou bien les Solesmiens seraient-ils à ce point bouzars* ? A-moins qu'il ne soit question d'un déboulonnage ? Si vous avez du temps à perdre allez donc voir pour votre propre compte comment sont fixés les panneaux de votre commune et vous verrez que cela ressort de l'impossible. Ma Doué, impossible n'est pas breton ? Ce vol semble plus emprunter à la farce de village qu'à la grande tragédie.

Parole, parole

Pourtant, de très improbables combattants d'une nouvelle génération se verraient déjà traiter "pieds-à-pieds" avec Monsieur Le Premier Ministre en personne. "Les panneaux seront restitués dès que le gouvernement aura tenu parole", indiquent sobrement les ténébreux dans leur adresse au Télégramme. Certes on est loin des raouts nationalistes ou bals cagoulés dans d'autres maquis mais cette drôle d'affaire de panneaux volés et pris en otages peut nous apporter un peu de légèreté dans ce monde de brutes. Souvenons-nous des rapts de nains de jardins. A quand le prochain reuz ? Jean Rigole déjà, et les Goristes avec.

 

* expression que l'on peut traduire par "que d'mal !" en breton francisé.

* rambarde de sécurité

(bretonnisme) malentendants 

Publié dans mystères de l'ouest

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