BOM de discorde à Saint-Martin

Publié le par envazao

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Les Bornes à Ordures Ménagères cachent bien des trésors souterrains : d’imposants conteneurs qui affleurent au grand jour dans un interminable chantier. Ces BOM dont l’emplacement a été imposé aux habitants font monter l’exaspération chez les principaux intéressés. Dans ce quartier épargné par le feu d’acier de 1944 on n’essaie même plus de faire le total des jours de cacophonie urbaine, en cause les travaux en tout genre qui rythment la vie du quartier depuis 5 ans. Mais les habitants se regroupent et sonnent l’alerte.

 

Conduites de gaz neuves, remplacement des canalisations en plomb, réseau électrique effacé du paysage, des travaux à Saint-Martin en veux-tu ? En voilà ! Mais voilà déjà cinq ans que fût percée la première tranchée, on sait quand ça commence mais on connaît aussi la suite. Aujourd’hui c’est devant un casse-croûte que les habitants se sont retrouvés à l’appel du collectif de quartier. Reza Salami, adjoint au maire et élu de BMO, a répondu à l’invitation et termine poliment le petit gobelet de compote que lui a servi une jardinière du quartier. Il finit aussi par convier les habitants à une prochaine réunion publique en présence des agents et techniciens communautaires. Forts d’une pétition de 1000 signataires favorables à une concertation sur l’emplacement des conteneurs à ordure enterrés, le collectif  est déterminé à faire avancer ses demandes.

 

 

Un autre avenir

Les commerçants n’entrevoient pas davantage avec joie leur devanture agrémentée du voisinage peu amène des fameux conteneurs. C’est pourtant ce qui est en train de se jouer sous leurs yeux sans qu’ils n’aient rien vu venir. Ils veulent avoir leur mot à dire. Bruit et poussières font fuir les clients depuis 2005. « Nous sommes placés devant le fait accompli », estime Nolwenn Gueneuc, bientôt voisine d’une BOM. Ce point précis de collectage placé rue Duret devant son atelier de lutherie  serait installé « pour une phase expérimentale de six mois », c’est du moins ce que laisse filtrer Reza Salami. L’élu avance un total de 700 points de collecte enterrés sur l’agglomération Brestoise. « Et personne ne s’en plaint », poursuit-il. Une résidente des lieux s’inscrit en faux : « c’est pas esthétique et ça empeste, les gens y déposent tout et n’importe quoi ». Bref on ne compterait plus les désagréments pour le voisinage. Claude Arnal, habitant de la place Guérin et organisateur du pique-nique d’aujourd’hui se plaint d’une politique de la porte fermée :  « qu’on nous laisse au-moins une marge de discussion ! ». Pour l’heure, on essaie de se détendre en rêvant à un autre quartier sur lequel se fermerait la page des travaux. Et l’on pousse la blague brestoise, parfois assez loin, on se dit que sans doute tout irait mieux avec un métro aérien rue Duret et un tire-fesse rue Yves Collet. La volonté de revoir Saint-Martin redevenir un quartier agréable dans les meilleurs délais recueille un consensus encore plus large que la compote de la jardinière. Même si la place Guerin doit se voir amputée d’un symbole : la salle de l‘Avenir serait en effet promise à une déconstruction qui mettrait le square Bugeaud dans la lumière, signant ainsi la fin d’une enclave appréciée par les dealers de shit voire plus. Si l’avenir se décline pour le moment sous la palette jaune et noir des tracto-pelles, le futur sera doute à la convivialité retrouvée dans ce quartier historique de Brest la blanche. Pour cela tout le monde s’accorde sur la nécessité de mener les travaux à bien, « sans dommage collatéraux si possible », comme ose le souhaiter Daniel Roignant, bouquiniste depuis 35 ans rue Navarin. L’heure est à la concertation autour des BOM, il en est encore temps avant que le ver ne soit dans le fruit. Saint-Martin n’a sans doute rien contre le tri sélectif en mode souterrain et l’on y préfère la compote au grand jour au shit underground.

 

 

Publié dans Brest

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