Kiosque à dreuze (4)

Publié le par envazao

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fête de la musique, 1981-2011

30 ans de fête de la musique. En voilà un article qu'il est facile à écrire, même pas besoin de feuilleter le papier pour deviner ce qui va être torché, ou de moins en moins lu. Ici en mauvais franglais je peux vous pondre un "first jet easy jet". Quand j'ai eu vent des trente ans de fête, alors out of the blues je me suis souvenu de ma première virée à la "fête de la zic" le 21 juin 1986, ça m'a décidé à rechausser les crampons. Hier soir j'y étais avec femme et enfants. Car "la patronne" chantait dans son groupe "Free Your Folks". Si vous les avez loupés c'est fort dommage car "là y avait tu peux me croire"* !  

 

Et là y avait tant que tant tu peux me croire un quart de siècle plus tôt à "Rock sur la blanche". Al Kapott, ils avaient tout emporté avec eux, finale en peau d'ours sur la scène à Kennedy. Quelques heures avant, la France battait le Brésil en quarts de finale de la coupe du monde au Mexique, en direct du bar le Glasgow. Je me souviens de la 1ère mi-temps, moins de la seconde et encore moins des prolongues. Tant pire. Au moins l'accessit pour les demis étaient dans la poche. Les poches avaient descendu moultes demis. Alors, et seulement alors, nous déferlâmes par centaines, que dis-je par milliers vers l'unique scène rock brestoise de la soirée. Puis les années passèrent, le rock brestois se municipalisait, les Jeunes Socialistes et leurs amis remportaient les tremplins. Tiens donc le foot brestois allait se perdre au fond d'une valise en Colombie avec l'homme aux doigts crochus*. Brest finissait son siècle avec une décennie d'avance sur le reste du monde. Rideau.

 

Lever de rideau, il y eût un avant fête de la musique 93 et un après. Ceux qui comme moi y étaient avaient pu assister au come-back d'un illustre pas si inconnu que cela dans les sphères publiques brestoises : le kerbonnard Christophe Miossec, dix ans après le split de son groupe Printemps Noir. L'année dernière j'ai eu l'occasion d'évoquer cette période avec lui à la terrace d'un café à Treganna pour une interview que vous pouvez lire sur envazao. En 93 à Rock Sur La Blanche il devait être flanqué de Le Roux et Jouan, les deux compères qui commirent un peu plus tard avec lui son premier album : "boire". La presse (OF ou TG ou les deux ?) lui avait taillé un costume de futur fin tireur dans la ligne de mire du rock hexagonal. Vos journaux vous invitaient par là-même à venir faire une promenade vespérale du côté de la gare pour prendre la mesure du chanteur plein de promesses, une promenade aux chandelles qui allait éclipser tout ce qui trainait par là et qui faisait du bruit dans les garages, de Boycott Banco à Hot Bugs, malheureusement pour ces derniers. Peu de souvenirs me subsistent de ce concert, si ce n'est une ou deux réparties acerbes qui allaient devenir la marque de fabrique du gars de l'autre côté de la Penfeld.

 

Hier c'était partout le long de la ligne de tramway en presque finition que ça bougeait, que ça se trémoussait à tous âges, de toutes les couleurs, toutes les bourses et selon tous les états. L'atmosphère se tétrahydrocannabilise à mesure que la nuit approche. La jeune viande se fait plus soule. La vieille carne parfois s'imbibe. Le climat est plutôt amical et d'une sobriété relative. Esprit familial es-tu là ? Ouija jusque la tombée de la nuit. Après cela ne nous regarde plus. Il faut regagner le logis car nos mousses ne sont plus très frais.

 

Autres besaces, autres mousses, au féminin et plus très fraîches non plus. Pas une photo à vous proposer cette année mais de cette trentième on retiendra quelques images. Ici un groupe de percussionnistes afro-caribbéen, trompette, bongos et maracas se paient une transe. Là plus haut, les FyF bien sûr, aux prises avec une sono larsenante mais en route pour une demi-heure de bonheur partagé avec un public pourtant volatile. Nuage Bleu qui suivent avec leurs propres amplis qui vous sortent un son nickel, Nuage bleu avec des guitares de luxe et la deuxième place au firmamant des jeunes charrues, ça vous la cale un vioque.

 

Ailleurs à Siam des groupes d'anciens rockeurs non-programmés à l'officiel montent le son à fond dans les coins de rue. On reconnaît des "sympathy for the devil" ou des "smoke on the water", standards à enterrer pour de bon ou bien à noyer dans les tréfonds.

 

Quelques chorales d'aimables retraités doivent hausser le volume pour sonner la contrecharge aux sound-system éructant des élucubrations et pulsations teknoides, là y en a pour tous les goûts, bons et mauvais. Du mauvais goût il n'est point question dans et autour du très chic square Wilson, c'est dans les beaux quartiers que l'association Sked a élu domicile pour son fest noz annuel. Puisse le biniou et la bombarde, le kan et le diskan réinvestir la rue de Siam dès l'an prochain, le plus loin possible de ce vilain kiosque à musique, ce "kiosque à dreuze" aux airs de soucoupe volante qui illustre ma chronique quasi-hebdomadaire. Kenavo kenta tro* pour la 31ème fête de la musique.


* un bretonnisme, donc non traduisible en breton

* François Yvinec, président du Brest Armorique à la fin des années 80 avant la "banqueroute par moyens ruineux", Yvinec est un patronyme qui signifie "'l'homme aux ongles longs" ou "qui s'accroche".

* "au revoir et à la prochaine fois"

Free your Folks : link

compte-rendu de l'interview de Miossec réalisée pour YA! : http://envazao.over-blog.com/article-eur-glabous-gand-christophe-miossec-57408456.html

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